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Marché de l'art

Vendus par centaines : qui sont les artistes stars du premier trimestre 2025 ?

Le marché de l’art reste hyperactif, malgré un net ralentissement du côté des prix multi-millionnaires. Dans ce paysage en mutation, certains noms tirent leur épingle du jeu… par la force du volume. Voici les artistes les plus échangés du trimestre, les gammes de prix où ils cartonnent, et les maisons qui propulsent leurs œuvres aux quatre coins du monde.

 

170 000 œuvres d’art vendues aux enchères en trois mois : le chiffre impressionne, d’autant qu’il reste à peu près stable par rapport à l’an dernier. Si le très haut de gamme marque le pas, le segment abordable, lui, tourne à plein régime.

 

Derrière cette effervescence, des noms reviennent en boucle : des artistes-icônes du 20e siècle, boostés par une production prolifique d’estampes, mais aussi quelques signatures plus inattendues. Qui vend le plus ? À quels prix ? Et grâce à qui ? Décryptage d’un marché en mouvement.

 

Les 3 géants les plus vendus au monde

 

Salvador Dalí, Pablo Picasso et Andy Warhol : ces trois noms mythiques du 20e siècle n’en finissent pas d’abonder aux enchères. Leurs chefs-d’œuvre s’échangent à prix d’or, mais leur production d’estampes — majoritairement accessible — permet aussi à de nombreux collectionneurs d’entrer dans leur univers sans débourser des millions.

Au premier trimestre 2025, ce ne sont pas quelques dizaines mais plusieurs centaines de leurs œuvres qui sont passées sous le marteau de centaines de maisons de ventes aux enchères dans le monde. Et contre toute attente, ce n’est pas Picasso mais Dalí qui domine le classement, avec des estampes estimées entre 70$ et 20 000$ (T1).

Même si l’effervescence liée au centenaire du Manifeste du Surréalisme est retombée, Dalí reste l’artiste le plus échangé aux enchères, avec 676 lots vendus, dont 85 % d’estampes. Une performance qui confirme son ancrage dans un marché aussi vaste qu’international.

Où s’échangent ses œuvres ? Un peu partout. L’Europe reste un terrain de jeu privilégié, avec une forte activité en Allemagne — qui concentre 18 % des ventes daliniennes du trimestre. Les États-Unis suivent de près (22,6 %), tandis que l’Asie montre un intérêt croissant, notamment au Japon, où l’univers fantasque du maître catalan trouve un public particulièrement réceptif.

 

dALI

Salvador DALI (1904-1989)

The persistence of memory

Tapisserie. Ed. 500, 140 x 164,5 cm

Mainichi Auction Inc. Tokyo, Japon, 21/02/2025. Prix: 1 310 $

 

Derrière Dalí, Pablo Picasso et Andy Warhol se disputent la seconde place au coude à coude. Mais surprise : le marché américain s’est montré plus actif pour Picasso que pour Warhol. Au premier trimestre, près d’un tiers des œuvres de Picasso ont été adjugées aux États-Unis, tandis que seulement 18 % des transactions Warhol ont eu lieu sur son sol natal. C’est en Autriche que le roi du pop art a créé l’événement.

Du 19 au 27 mars, la maison Dorotheum a en effet orchestré une vente fleuve dédiée à Warhol. Plus de 200 dessins, patiemment rassemblés pendant plus de trente ans par la galerie Daniel Blau — aujourd’hui tournée vers l’édition et la photographie — ont été mis en vente en ligne plusieurs jours durant. Encre, aquarelle, esquisses… Une collection foisonnante, accessible, avec des prix compris entre 2 000 et 15 000 $, qui a attiré les collectionneurs du monde entier. Résultat : un succès retentissant pour Warhol… depuis Vienne.

 

 

Les trois artistes les plus vendus aux enchères au T1 2025 vs T1 2024

1. Salvador DALI (1904-1989)

Chiffre d’affaires : 2,49 m$

Lots vendus : 676, soit -9.2 %

Taux d’invendus : 27,48 %

2. Pablo PICASSO (1881-1973)

Chiffre d’affaires : 18,6 m$

Lots vendus : 561, soit -2.4 %

Taux d’invendus: 19,61 %

3. Andy WARHOL (1928-1987)

Chiffre d’affaires : 16,8 m$

Lots vendus : 539, soit +30.5 %

Taux d’invendus : 24,29 %

 

Derrière ce trio de géants, d’autres figures majeures du 20e siècle assurent un volume de ventes impressionnant en ce début d’année. Marc CHAGALL (1887-1985) enregistre une progression notable, avec 418 œuvres passées en salle au T1 2025, soit une hausse de +10,6 % par rapport à l’an dernier. Joan MIRO (1893-1983)le suit de près avec 403 lots, malgré un léger recul de -8 %.

Chez l’un comme chez l’autre, ce sont surtout les estampes qui dynamisent le marché. Le catalogue raisonné de Chagall en recense plus de 1 000 différentes — et il s’en écoule chaque année entre 1 500 et 2 000 exemplaires, un rythme similaire à celui de Miró. Forte de cette abondante production, leur œuvre graphique rivalise avec celle de Picasso en volume de ventes, consolidant leur place parmi les signatures les plus échangées aux enchères.

Salvador Dalí, Pablo Picasso, Andy Warhol, Marc Chagall, Joan Miró… Ces figures majeures du 20e siècle ont en commun d’avoir redéfini l’histoire de l’art, tout en diffusant massivement leurs œuvres grâce à l’estampe. Mais leur omniprésence rappelle aussi un déséquilibre persistant : celui d’une visibilité largement dominée par les artistes hommes. Or, à y regarder de plus près, certaines artistes femmes enregistrent un nombre de transactions non négligeable — entre 50 et 200 ventes au cours du trimestre pour les plus demandées — signe d’une réception favorable auprès des acheteurs aux enchères.

 

Les artistes femmes les plus prisées

Les artistes femmes qui s’imposent parmi les signatures les plus échangées du trimestre ne doivent rien aux effets de mode. Ce sont des figures de fond, des pionnières — voire, dans le cas de Yayoi Kusama, de véritables icônes contemporaines. Elle reste aujourd’hui la seule artiste vivante capable de faire pré-vendre 100 000 billets avant même l’ouverture d’une exposition.

 

Au cours du premier trimestre 2025, les œuvres de Yayoi KUSAMA (1929) totalisent près de 22 millions de dollars aux enchères, pour moins de 200 lots. Mais au-delà des chiffres bruts, c’est son taux de réussite qui impressionne : 86% des lots présentés trouvent preneur, un niveau exceptionnel, supérieur à celui de Pablo Picasso lui-même, qui plafonne à 80% sur la même période. Une performance qui témoigne d’un engouement mondial, solide et constant.

 

Leonor Fini

Leonor FINI (1907-1996)

“Tristan Und Isolde”, from Metropolitan Opera Fine Art I portfolio (1978)

Lithographie. 55 x 75 cm. Ed. 106 / 250

Clars Auction Gallery, Oakland, 23/11/2024. Estimation: 300 $ – 500 $. Non vendu

 

Autre grande figure du marché : Leonor Fini. Depuis le tournant des années 2020, le nombre de transactions la concernant a bondi. Son œuvre, rattachée au surréalisme depuis son inclusion en 1936 dans l’exposition “Art fantastique, Dada et surréalisme” au MoMA, bénéficie aujourd’hui du regain d’intérêt pour ce courant artistique. Si elle partage avec les surréalistes une fascination pour la puissance des rêves, elle a toujours revendiqué son indépendance : « Il y avait des lois, des contraintes que je n’aurais pas supportées », affirmait-elle.

Aujourd’hui, sa liberté de ton et d’invention séduit un public toujours plus largeLa France concentre à elle seule la moitié de ses ventes aux enchères au premier trimestre, mais la demande s’étend à toute l’Europe et jusqu’aux États-Unis. D’autant que ses lithographies s’échangent dès quelques centaines de dollars, tandis que certains de ses dessins ciselés restent accessibles autour de 1 000 $. Un “cadeau” pour une artiste de cette envergure, dont les meilleures toiles peuvent atteindre des prix millionnaires.

 

Évolution du nombre d’adjudications de Tracey Emin

TRacey Emin lots vendus_FR

 

Clôturons ce panorama avec deux artistes au tempérament aussi affranchi que celui de Leonor Fini : Niki DE SAINT-PHALLE (1930-2002) et Tracey EMIN (1963). Chacune a généré une cinquantaine de transactions en trois mois, avec des prix oscillant entre quelques centaines de dollars pour des multiples et des coups de marteau à six chiffres pour des œuvres uniques, dignes des plus grandes institutions.

En février, un tir emblématique de Niki de Saint Phalle — Tir (Old Master), réalisé lors d’une séance à la Galerie J en 1961 — s’est envolé à 276 850 $ chez Sotheby’s, soit plus du double de son estimationTracey Emin, quant à elle, n’a rien perdu de sa fougue. La “bad girl” de l’art britannique voit ses transactions multipliées par cinq en dix ans, preuve que son art à vif, intime et politique, frappe de plus en plus juste.

Publié le mardi 6 mai 2025 par Artprice

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