Le marché chinois a de la vigueur d’après les adjudications enregistrées au cours du premier trimestre de l’année. Une majorité d’artistes chinois remportent en effet les coups de marteau les plus retentissants, ne laissant qu’une seule place à un artiste occidental dans ce Top 10 trimestriel, pour René Magritte.

 

Forte domination des adjudications chinoises

Dans son bilan sur le marché mondial des ventes aux enchères de l’année 2022, le dernier rapport publié par Artmarket by Artprice et Artron constate une baisse des résultats concernant les dessins vendus aux enchères. On assiste en effet à une contraction de ce segment de marché en Chine, contraction amorcée avant même la pandémie de Covid (consulter notre rapport). Le Rapport précise que “les transactions millionnaires s’essoufflent depuis 2015 et leur nombre (249 en 2022) est à peu près divisé par deux, comparé aux exercices compris entre 2010 et 2017.”  La raréfaction d’œuvres issues de grands maîtres chinois anciens et modernes est la première cause du fléchissement de ce marché, mais si le rythme des transactions est beaucoup plus tempéré qu’il y a 10 ans, les collectionneurs chinois ne sont pas moins mobilisés et compétitifs pour acquérir les signatures phares de leur histoire. Ils maintiennent donc les prix des grands maîtres chinois à de très hauts niveaux. Et puisque le dessin est, en Chine, aussi important que l’est la peinture en Occident, la cote de ces maîtres chinois domine nettement celle des artistes occidentaux dans cette catégorie.

Actuellement, les artistes chinois tiennent neuf des dix meilleures adjudications pour les dessins vendues aux enchères pendant les trois premiers mois de l’année 2023. Artprice dresse ici un rapide bilan de ces artistes chinois dominant le marché mondial du dessin.

 

Top 10 adjudications pour des dessins vendus aux enchères au T1 2023

Les artistes historiques

Le classement des 10 meilleures adjudications mondiales pour des dessins vendus au cours du premier trimestre distingue les trois maîtres anciens TANG YinZHANG Jizhi et GONG Xian. Leur travaux, tous antérieurs au 17e siècle, sont difficiles à trouver sur le marché si bien que la rareté des œuvres est propice à stimuler la compétition entre collectionneurs.

 

ZHANG Jizhi (1186-1266)

Son record personnel : de précieuses calligraphies ont atteint les 9 millions de dollars à Pékin en 2016 (Calligraphy (楷书“华严经”残卷)). La calligraphie vendue en février dernier (7m$) n’est pas si éloignée du record.

Nombre de lots vendus par an : Plusieurs années peuvent passer sans qu’un seul lot de Zhang Jizhi ne soit présenté aux enchères. Il est l’une des signatures les plus rares sur le marché.

Produit de ventes annuel : Zhang pourrait signer un produit de ventes historique si un deuxième lot se vendait cette année : il suffirait de dépasser les 8m$ de l’année 2016 qui enregistrait un score exceptionnel de trois transactions !

 

TANG Yin (1470-1523) 

Son record personnel : 26,6m$ obtenus pendant le fort pic d’activité du marché chinois de 2011 (Landscape).

Nombre de lots vendus par an : le marché s’épuise et seules deux œuvres ont été vendues l’an dernier. Les pièces majeures se sont considérablement raréfiées. 

Produit de ventes annuel : il dépasse rarement les 10 millions de dollars, tandis qu’il dépassait les 35 millions en 2011 grâce à une cinquantaine de transactions opérées.

 

GONG Xian (1618-1689)

Son record personnel : 6m$ obtenus en 2013 pour un paysage montagneux de plus de deux mètres.

Nombre de lots vendus par an : rarement plus de 10 et le nombre de transactions s’affaiblit depuis une dizaine d’années. 

Produit de ventes annuel : avant plus de 4,4m$ en trois mois, son résultat est déjà quatre fois plus élevé que celui enregistré l’année dernière.

 

Création chinoise du 20e siècle et contemporaine

Les collectionneurs occidentaux ne sont pas tous très familiarisés avec les noms de CUI RuzhuoZHANG DaqianFU BaoshiQI Baishi et LI Keran, ni avec leurs créations. Ces artistes sont pourtant essentiels dans le paysage culturel chinois. Qi Baishi s’impose par ailleurs comme l’auteur du dessin le plus cher de l’histoire des enchères (140,9m$) devant le Cri du norvégien Edvard Munch (The scream (呐喊)).

 

QI Baishi (1864-1957)

Son record personnel : avec 140,9m$ décrochés en 2017 (Screens of landscapes (山水十二条屏)), Qi est le premier artiste chinois à avoir dépassé le seuil des 100 millions de dollars. Il est l’un des artistes les plus cotés du monde au même titre que Picasso, Modigliani ou Giacometti.

Nombre de lots vendus par an : plus de 300, avec un solide taux de réussite de ventes qui dépasse parfois les 80%.

Produit de ventes annuel : plus de 88 millions d’œuvres vendues l’an dernier, ce qui le positionne devant Joan Miro en termes de chiffre d’affaires annuel.

 

ZHANG Daqian (1899-1983)

Son record personnel : 47,2m$ obtenus l’an dernier chez Sotheby’s Hong Kong, soit la meilleure vente jamais réalisée par Sotheby’s pour une œuvre d’art chinoise (Landscape after Wang Ximeng (仿王希孟〈千里江山圖〉)).

Nombre de lots vendus par an : entre 350 et 450 en moyenne. L’offre est cepepdant deux fois moins importante que lors du pic du marché chinois en 2011.

Produit de ventes annuel : avec près de 183 millions d’œuvres vendues l’an dernier aux enchères, ses performances talonnent celles de Vincent Van Gogh.

 

FU Baoshi (1904-1965)

Son record personnel : 36,2m$ obtenus en 2011 pour un ensemble exceptionnel de paysages (Landscapes).

Nombre de lots vendus par an : entre 60 et 100, contre le double il y a 10 ans.

Produit de ventes annuel : l’offre étant plus tendue depuis quelques années, son résultat annuel tend à décroître. Le dernier pic remonte à 2017.

 

LI Keran (1907-1989)

Record personnel : l’un des ses plus beaux paysages, flamboyant sous des montages rouges, s’est hissé à 46,4m$ en 2012 (Mountains in red). 

Nombre de lots vendus par an : une centaine de transactions sont opérées aujourd’hui, contre deux à trois fois plus il y a 10 ans.

Produit de ventes annuel : il a considérablement chuté sur la décennie, suivant la raréfaction des œuvres, notamment des plus beaux dessins.

 

CUI Ruzhuo (1944) 

Record personnel : 39,5m$ obtenus en 2016 (The Grand Snowing Mountains (飛雪伴春))

Nombre de lots vendus par an : une dizaine seulement. Les œuvres sont rares et très recherchées. Aucune n’est restée invendue l’an dernier, ni au cours de ce premier trimestre.

Produit de ventes annuel : en baisse depuis quelques années, dû a la raréfaction des œuvres aux enchères.

 

Deuxième segment le plus important du marché mondial des enchères après la peinture, le dessin pèse 14% du produit des ventes global pour 21% des transactions. Le ralentissement du marché pour les grands artistes chinois est contrebalancé par une offre pléthorique à l’échelle mondiale, qui porte le marché du dessin à son plus plus haut niveau en termes de transactions, avec un record de 150 000 dessins vendus l’année dernière.