Focus sur François-Xavier Lalanne, suite à la vente de son premier Rhinocrétaire au prix record de 19,4m$

27/10/2023 Par Artprice
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Bar en forme de vache ou d’hippopotame, lit en boîte de sardines, secrétaire en forme de tourterelle… François-Xavier LALANNE est célébré, ainsi que sa compagne Claude, pour des meubles sculpturaux d’une originalité sans pareil. L’un des réalisations les plus impressionnantes est un Rhinocrétaire, une sculpture extraordinaire dont l’intérieur fonctionnel rend hommage à la tradition des meubles à secrets à la mode en France au 18e siècle, et dont la présence convoque aussi bien le fabuleux Rhinocéros de Dürer que les esprit Surréaliste et Pop qui planaient sur la création parisienne des années 1960.

 

Rhinocéros de Dürer (1515)

 

Un Rhinocrétaire à quel prix?

5,9m$ : c’est le prix obtenu en mai 2022 pour un grand Rhinocéros, dit Grand Rhinocrétaire II (2008/2017) de François-Xavier Lalanne, vendu par Sotheby’s à Paris. Cette version en bronze doré, laiton et gainée de cuir, septième exemplaires sur une série limitée à huit, doublait quasiment son estimation haute. À ce prix pourtant, le Rhinocrétaire doré ne prenait que la quinzième place des meilleures adjudications du créateur français, dont certaines pièces flirtent avec les 10 millions de dollars. 

 

19,4 m$ : c’est le prix obtenu par Christie’s le 20 octobre 2023 à Paris pour un autre Rhinocrétaire. Un montant spectaculaire au triple de l’estimation haute qui signe le nouveau record personnel de François-Xavier Lalanne. En quoi cet exemplaire diffère de celui vendu l’an dernier chez Sotheby’s au seul des 6 millions de dollars ? Tout d’abord, le Rhinocrétaire cédé la semaine dernière chez Christie’s à Paris est une pièce unique et non un exemplaire issu d’une édition limitée. Il s’agit par ailleurs du tout premier exemple de la série de quatre variations connues autour d’un même thème. Presque de grandeur nature, le majestueux rhinocéros, qui cache un bureau éclairé, un bar et un coffre-fort dans les flancs métalliques soudés à la main, était mis en exergue dans la vitrine de la galerie J. de Jeanine de Goldschmidt-Restany pour l’exposition Zoophites qui s’est tenue à Paris, en 1964.

Mais en ce début des années 1960, les collectionneurs parisiens ont manqué d’audace pour oser faire l’acquisition de cette pièce poétique et visionnaire : le meuble de travail ne trouvait alors pas d’autre acheteur que la mère de Jeanine de Goldschmidt-Restany à la fin de l’exposition Zoophites. Le Rhinocrétaire est ensuite resté dans la même collection familiale, et il fut exposé une seule fois au public, aux côtés de variations ultérieures de Rhinocrétaire dans la grande exposition intitulée “Les Lalanne”, qui eut lieu au Musée des Arts Décoratifs de Paris de 2010.

“Cela m’amuse de mettre une dimension utilitaire dans la sculpture, disait l’artiste. On a trop sacralisé l’art en Occident. Le fait de donner un usage à une sculpture lui restitue une dimension familière et la descend un peu de son piédestal.” (F-X Lalanne, Daniel Marchesseau, Les Lalanne, Flammarion, 1998).

Peu avant cette exposition au Musée des Arts Décoratifs, François-Xavier Lalanne (ainsi que sa compagne Claude Lalanne) venait de défrayer la chronique à l’occasion de la vente de la collection d’Yves Saint Laurent et Pierre Bergé sous la nef du Grand Palais à Paris (février 2009). Le Bar YSL (1965) François-Xavier décuplait alors son estimation haute pour atteindre 3,5m$, son record de l’époque. Suite à ce résultat, le travail des Lalanne fut considéré sous un nouveau jour. Leur inventivité et leur fantaisie, la qualité duelle de leur travail fut perçue pour ce qu’elle est : une proposition unique dans le champ créatif de la seconde moitié du 20ème siècle, un esprit de synthèse post-moderne à la fois décomplexé et totalement abouti. Depuis, leurs créations ont encore été revalorisées, portées par l’arrivée de plusieurs ensembles d’œuvres exceptionnelles sur le marché.

 

Classement mondial de Lalanne selon son produit de ventes aux enchères avant la vente du Rhinocrétaire I

 

Le 4 novembre 2021, un ensemble de sculptures que Dorothée Lalanne avait héritées de ses parents dépassait les 85 millions de dollars chez Sotheby’s Paris, soit plus de cinq fois l’estimation fixée par les experts, et s’imposait comme la plus belle vente française réalisée au cours de l’année 2021. Léopard I (2005), un léopard juché sur une console (bronze, à double patine et frêne teinté. Ed. 5/8) de François-Xavier Lalanne partait alors au prix record de 9,6m$.

 

En novembre 2022, Sotheby’s vendait 100 % des lots du second volet de la collection Dorothée Lalanne, approchant cette fois les 50 millions de dollars. 

 

Le 7 décembre 2022, Christie’s dispersait, cette fois à New York, la collection de Marie Lalanne, comprenant elle aussi des pièces exceptionnelles de ses parents. L’ensemble rapportait alors 77m$ et certaines pièces, comme Singe Avisé (moyen), décuplaient l’estimation fournie.

 

À l’issue de cette année 2022, François-Xavier Lalanne fut distingué comme l’artiste le plus performant du marché de l’art en France, fort d’un produit des ventes annuel dépassant les 54 millions de dollars.

Communiqué d'Artprice