Focus sur Barkley L. Hendricks

21/06/2023 Par Artprice
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L’extraordinaire percée de Barkley L. HENDRICKS sur le marché des enchères est emblématique de l’importance enfin accordée au portrait noir.

 

Peu de collectionneurs couraient après le travail de Barkley L. HENDRICKS il y a encore dix ans. Désormais, l’artiste est un incontournable des plus grandes collections et dispersions américaines. La forte revalorisation dont font l’objet ses oeuvres porte d’ailleurs l’artiste au plus haut niveau des classements mondiaux : sur le terrain des enchères, le classement provisoire d’Artprice lui donne la 122e place mondiale mi-juin, grâce à la vente d’une seule oeuvre – Stanley (1971) – un saisissant portrait en pied qui a atteint 6,1m$ lors de la dispersion de la collection Gerald Fineberg de mai dernier chez Christie’s. Artmarket by artprice revient sur le parcours et l’œuvre de cet immense artiste afro-américain, pionnier du nouveau portrait afro-américain.

 

Né à Philadelphia en 1945, Barkley L. HENDRICKS y a étudié à l’Academie des Beaux-Arts où il fut le premier étudiant noir à être récompensé par deux prix, dont un voyage à travers les musées d’Europe (Royaume-Uni, Espagne, Italie et Pays-Bas). Il en revient marqué par l’intensité des portraits historiques découverts, notamment ceux de Rembrandt, Diego Velázquez et Anthony van Dyck. Il est aussi frappé par la rareté de portraits noirs retenus dans les collections muséales. De retour aux Etats-Unis, il commence à combiner dans ses toiles les conventions plastiques européennes à sa sensibilité contemporaine propre.

 

Hendricks : évolution du produit des ventes aux enchères (copyright Artprice.com)

 

L’art de révolutionner l’histoire du portrait

Entre témoignage, vanité et humanité, conventions et quête de vérité, le portrait traverse toute notre histoire de l’art. Historiquement, les portraits en pieds étaient réservés aux rois, aux reines, à la noblesse, aux notables pour des portraits d’apparat célébrant les hommes et les femmes de pouvoir, tout autant que la propérité qui les entoure. Les plus grands artistes ont su, bien évidemment, détourner le prétexte du portrait officiel pour chercher à représenter l’âme et le caractère de leurs modèles. C’est le travail que va poursuivre Hendricks. Au retour de son périple culturel en Europe, il commence à peindre des personnes qui lui ressemblent : jeunes, branchées et noires. Il les peint grandeur nature sur de lumineux fonds neutres qui détachent leur présence pour en faire de véritables icônes modernes.

Réalisées principalement entre la fin des années 1960 et le début des années 1980, ses peintures et photographies de Noirs américains ordinaires ont révolutionné le portrait noir tant, à travers la construction plastique et la sensibilité du traitement, Hendricks traduit la présence à la fois consciente, digne et vulnérable de ses proches. L’intensité de ses portraits a créé un précédent pour nombre d’artistes afro-américains, dont Kerry James Marshall (né en 1955), Mickalene Thomas (née en 1971), Amy Sherald (née en 1973) et Kehinde WILEY (né en 1977).

 

Toute considération de mon travail doit prendre en compte le travail de Barkley Hendricks. Il est complètement à la base de ma compréhension de la façon dont vous pouvez rendre la peinture pertinente aujourd’hui.”

— Kehinde Wiley

 

Une notoriété et une cote croissantes

Lorsque Hendricks commence à travailler avec la galerie new-yorkaise Jack Shainman en 2005, ses œuvres sont encore confidentielles pour la grande majorité des collectionneurs américains. Par ailleurs, elles ne sont encore jamais apparues à l’époque dans une salle de ventes aux enchères. Il fauta attendre l’année 2008 et sa célèbre rétrospective itinérante “Barkley L. Hendricks : Birth of the Cool” organisée par Trevor Schoonmaker au Nasher Museum of Art pour que commence à s’installer une notoriété internationale et une introduction sur le marché des ventes publiques. Les premières œuvres présentées en salles n’étant pas les plus intéressantes ni les plus représentatives de son travail, sa cote ne décolle pas au cours de l’année 2008 mais c’est en 2009, avec l’apparition du grand portrait de la déterminée Angie (1973) que la maison de ventes Swann obtient un premier résultat véritablement encourageant à hauteur de 144 000$. En 2015, la même maison de ventes décroche 365 000$ pour le portrait de Steve (1976), vendu au double de l’estimation, mais c’est l’année de sa disparition, en 2017, que le marché prend un nouveau virage pour agiter les enchères au niveau supérieur. Sotheby’s vend alors deux œuvres à plus de 940 000$ chacune en mai, signe que le marché est prêt à offrir ses premiers résultats millionnaires à l’artiste. La récompense tombe le 17 mai 2018 chez Sotheby’s avec la sublime silhouette de Dancer, vendue 2 millions de dollars contre une estimation comprise entre 400 000$ et 600 000$. Avec le nouveau record obtenu à 5 millions cette année, Hendricks poursuit une ascension fulgurante dont l’avenir dira si elle vise les prix atteint par Kerry James MARSHALL, déjà couronné par trois œuvres disputées à plus de 10 millions chacune.

 

Communiqué d'Artprice