Art : Le retour du bois dans le design haut de gamme

18/08/2010 Par Artprice
3 min de lecture

En salles des ventes, les collectionneurs de design haut de gamme affichent un goût prononcé pour des meubles très décoratifs dans des éditions très limitées, voire des pièces uniques.

 

Parallèlement à cette tendance, les enchères battent leur plein pour des pièces mettant à l’honneur le dialogue avec la nature.

L’inspiration naturelle a connu sa grande époque il y a un peu plus d’un siècle avec l’Art nouveau , apparu en 1890 et éteint au seuil de la première Guerre Mondiale.

Cette esthétique a compté dans ses rangs des créateurs comme Hector GUIMARD, Alphonse MUCHA, Émile GALLÉ . La raréfaction des pièces sous ces grandes signatures tire les prix vers le haut. Ainsi, une petite Table d’appoint de 1909 d’ Hector Guimard estimée 15 000€ s’envolait pour 160 000€ le 9 juin 2010 chez Claude Aguttes ; la petite table Poppy No. 26 de Gustav STICKLEY (vers 1901) estimée 20 000-30 000$ atteignait 145 000$ (près de 100 000€) le 17 décembre 2009 chez Sotheby’s. Autre exemple avec Louis MAJORELLE - dont il est possible d’acquérir en salles des guéridons, fauteuils ou pendules, entre 1 000 et 3 000€ - qui affichait un score de 190 000£ (206 700€) pour sa Table aux nénuphars estimée 45 000-55 000£ le 24 octobre 2009 chez Sotheby’s.

George Nakashima vs Hugo França

Aujourd’hui, le retour à la nature se distingue par un goût prononcé pour le travail artisanal du bois d’une part et d’autre part, par la nouvelle génération de designers en marche repensant le design à partir de l’environnement.

L’engouement pour le bois se traduit notamment par le succès en salles de l’américain George NAKASHIMA et plus récemment du brésilien Hugo FRANÇA (né en 1954). Les deux artistes n’ont pour trait commun que leur travail singulier du bois, taillant leurs meubles à même le tronc et prenant soin de conserver les contours irréguliers et les défauts du matériau.

George Nakashima bénéficie d’une notoriété internationale et d’une solide cote avec dix enchères à plus de 100 000€ décrochées entre 2007 et 2009. A défaut de frapper aussi fort en 2010, il signait sa meilleure enchère de l’année avec une Console en noyer de 1989 cédée au double de son estimation à 90 000 $ . Aujourd’hui, quelques chaises sont abordables à partir de 1 500$ mais 20% de ses créations s’échangent entre 5 0000 et 10 000 $ en moyenne, contre 36% entre 10 000 et 100 000 $.

Depuis peu, l’esprit du bois selon Nakashima se voit concurrencé par le designer brésilien Hugo França remarqué à Art Basel Miami et propulsé en 2009 seulement sur le marché des enchères.

Certes, Hugo França ne passe pas encore le seuil des 100 000$, néanmoins, certains de ses résultats sont à la hauteur de ceux du maître de l’ébénisterie traditionnelle japonaise.

Le prix du banc Ashaki de França par exemple est, à 12 000£ (19 100$) le prix de départ pour le célèbre banc Conoid de Nakashima . Le Brésilien démarre donc fort son aventure en salles de vente : aucune de ses pièces n’a encore essuyé de défaut de vente et sa table à café Shukura, une création fraîche de 2009, triplait son estimation en mai 2010 pour un coup de marteau de 55 000£ (env. 79 400$).

Entre les expositions expérimentales comme Second Nature de Tokujin YOSHIOKA (Tokyo, octobre 2008-janvier 2009) et les recherches biomimétiques de la nouvelle génération, l’articulation entre design et nature a de beaux jours devant elle.

Source © Artprice.com

Communiqué d’Artprice du 16 août 2010