Art : Jean-Michel Basquiat – Meilleur de l’année dans les catégories peinture et dessin

08/09/2010 Par Artprice
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Personnage brûlant et hyper médiatique, Jean-Michel Basquiat fut rapidement propulsé de l’anonymat du métro new-yorkais aux salons bourgeois. Aujourd’hui, la légende Jean-Michel BASQUIAT est toujours vivace. Le 50e anniversaire de sa naissance est l’occasion d’une vaste rétrospective de son œuvre, ouverte à la Fondation Beyeler (9 mai-5 sept. 2010), elle fait ensuite escale au Musée d’Art moderne de la ville de Paris (15 oct.-30 janv. 2011).

Avant sa première exposition new-yorkaise en février 1981 (New York/New Wave du P.S.1), il survit en vendant des t-shirts peints et des cartes postales dessinées. L’un de ses premiers acheteurs n’est autre qu’Andy WARHOL qui devient rapidement un ami et un mentor . Leur rencontre donne lieu à une soixantaine d’œuvres communes mélangeant l’esthétique pop et distanciée de l’un à l’expressivité bouillonnante de l’autre. Sur les quatre œuvres communes soumises à enchères, la plus intéressante se vendait 2,3m$ en mai 2010 (Sotheby’s).

Auprès de Warhol, les succès s’enchaînent : à 21 ans, il est le plus jeune artiste invité à la Documenta 7 de Kassel en Allemagne (1982).

L’année suivante, il expose à la Biennale du Whitney Museum of American Art à New York et chez Larry Gagosian. Son art underground entre dans les musées. Les collectionneurs se multiplient et les maisons de ventes aux enchères misent désormais sur le jeune prodige. En mai 1986, Sotheby’s disperse une toile de 1983 intitulée Hector pour 23 000 $. Aujourd’hui, il faudrait ajouter deux zéros au résultat pour négocier une toile similaire en salles de ventes.

L’envolée des prix

La cote de Basquiat s’est envolée peu après son décès par overdose le 12 août 1988 . Trois mois après sa disparition, Christie’s propose une technique mixte de 1981 autour de 25 000 $. L’œuvre s’envole à 100 000 $ . Sotheby’s voit tout autant valser les enchères quelques jours plus tard pour Red rabbit (même estimation pour une adjudication de 100 000 $). Les prix grimpent d’autant que le marché de l’art mondial est euphorique.

Mai 1989 : Sotheby’s enregistre pour la première fois une enchère à 200 000$ pour Equals (estimée 70 000-90 000$) . Le premier million de dollars est atteint le 12 novembre 1998 avec un autoportrait . Proposé pour la coquette somme de 400 000-600 000 $ par Christie’s, Self-Portrait (1982) grimpe à 3 millions de dollars !

La cote flambe pour atteindre des sommets en 2007 : le produit de ses ventes aux enchères explose de 278% sur l’année.

Vingt ans après sa mort, ses adjudications génèrent 102 m$ au marteau, talonnant Henri MATISSE et écrasant Fernand LÉGER.

Le rythme des reventes s’accélère . Ainsi, l’œuvre Warrior acquise en novembre 2005 pour 1,6 m$ chez Sotheby’s s’arrache l’équivalent de 5 m$ deux ans plus tard (2,5m£, Londres). Le 15 mai 2007, une technique mixte décroche 13 m$ chez Sotheby’s, passant pour la première fois le seuil des 10 m$ ! Sur les douze derniers mois, la vente aux enchères de 18 toiles de l’artiste a généré 27,6 m€ (juillet 2009-juillet 2010). C’est le meilleur résultat réalisé par un artiste contemporain cette année dans la catégorie peinture et il tient aussi la première place dans la catégorie dessin avec 2,35 m€ dégagés en 23 coups de marteau.

La valeur étalon

Considéré par les investisseurs comme une valeur refuge, Basquiat est un bon indicateur de la santé du marché . Les cas de reventes d’une même œuvre permettent donc de prendre la température du marché. Par exemple, les derniers aller-retour aux enchères de la toile Joy ont donné le pouls du marché ces deux dernières années . En février 2008, soit quelques mois avant que la crise ne se déclare sur le marché de l’art, Joy - une œuvre mineure sur xeros - signait un coup de marteau équivalent à 1,12m€ (Phillips de Pury & Company). Neuf mois plus tard, elle décote de 53% lors des ventes new-yorkaises (env. 527 000€, Sotheby’s). Le 2 juin dernier, Sotheby’s la proposait prudemment entre 700 000 et 900 000€ et frappait son coup de marteau à 1,25m€.

L’artiste aux enchères millionnaires a produit près de 1 000 peintures et environ 1 500 dessins .

La demande étant particulièrement forte, toutes les périodes et toutes les techniques sont prisées .

Aujourd’hui, un petit dessin au crayon gris ou à la mine de plomb s’échange entre 10 000 et 20 000€ en moyenne et il faut compter entre 50 000 et 250 000 € pour un papier rehaussé de couleurs.

Seules 10 % des adjudications sont inférieures à 6 200€ . Si ces pièces abordables sont souvent des estampes (14% des transactions de l’artiste), quelques dessins originaux sont proposés dans cette gamme de prix, même en France (17 % des transactions). En décembre 2009, Millon-Cornette de Saint Cyr vendait cinq travaux à l’encre pour des enchères allant de 4 600 à 7 200€. Des acquisitions intéressantes lorsque certains multiples sont plus chers que des pièces uniques, comme la sérigraphie Academic study of the male figure (13 exemplaires) valorisée entre 8000 et 10 000€.

 

 

Communiqué d’Artprice du 8 septembre 2010