Barbara Hepworth : l’une des femmes les plus cotées de la planète

10/04/2024 Par Artprice
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En devenant la deuxième femme sculptrice la plus valorisée après Louise Bourgeois, la sculptrice britannique Barbara Hepworth permet aussi d’établir que plus de 10 artistes femmes dépassent désormais les 10 millions aux enchères.

 

À 17 ans, Barbara HEPWORTH, ayant déjà la ferme intention de devenir sculptrice, part étudier au College of Art and Design de Leeds grâce à une bourse. Elle poursuit sa formation à la prestigieuse école de sculpture du Royal College of Art à Londres (1921) où elle retrouve Henry Moore. C’est l’époque des premières taille directe, dont elle parfait la technique en Italie entre 1924 et 1926. De retour en Angleterre, elle expose avec son époux J. Skeaping et vend ses premières sculptures.

 

La rencontre avec d’autres artistes lui permet de passer des caps stylistiques importants. La peinture abstraite de Ben Nicholson, qu’elle découvre en 1930, débouche sur l’abandon de la figuration et une conception plus libre de la forme et de la couleur. Trois ans plus tard, l’art de Constantin Brancusi nourrit son imagination. D’autres rencontres déterminantes suivent, celles de Joan Arp, Pablo Picasso, Piet Mondrian, Wassily Kandinsky, Alberto Giacometti ou encore Alexander Calder. Les années 1930, riches de découvertes et d’avancées sur le plan créatif, sont aussi celles d’une notoriété croissante, grâce plusieurs expositions dans divers pays.

 

En 1950, Hepworth représente la Grande-Bretagne pour la 25e Biennale de Venise. Elle devient une ambassadrice artistique de son pays. Les commandes affluent et la Tate Modern lui achète sa sculpture Bicentric Form (1949). En 1956, elle suit les conseils de ses galeristes et commence à réaliser des tirages en bronze, ce qui lui permet de répondre plus facilement à la demande. Elle travaille également le plâtre pour réaliser des moulages de ses œuvres. Lors de cette même année 1956, elle inaugure la première Exposition internationale de sculpture contemporaine au musée Rodin à Paris. L’Europe la célèbre comme un pilier de la nouvelle sculpture et le monde la récompense à plusieurs occasions. Elle reçoit notamment le Premier prix de la 5e Biennale de São Paulo puis le titre de docteure honoris causa de l’université de Birmingham en 1960. En 1963, lors de la Biennale de Tokyo, elle reçoit le prix du ministère des Affaires étrangères, puis est nommée commandeuse de l’Empire britannique par la reine en 1965.

 

Évolution du produit des ventes aux enchères de Barbara Hepworth en millions (copyright Artprice.com)

 

Le cercle des femmes à plus de 10m$

 

Hepworth est entrée l’an dernier dans le cercle encore fermé des artistes femmes valorisées à plus de 10 millions de dollars avec The Family of Man: Ancestor II (1970), un bronze de près de trois mètres de haut fondu en 1974 et édité sur quatre exemplaires. Cette pièce impressionnante et rare était estimée entre 4 et 6 millions de dollars par Christie’s, lors de sa vente d’art du 20e siècle de novembre 2023, mais le totem de bronze a presque  doublé son estimation haute pour partir à 11,5m$.

 

Ce nouveau record est d’autant plus remarquable qu’il désigne aujourd’hui Hepworth comme la deuxième femme sculprice la plus valorisée après Louise BOURGEOIS. Il permet aussi, adjoint au record de Julie MEHRETU obtenu lui aussi en 2023, de distinguer, pour la première fois dans l’histoire des enchères, plus de dix femmes dont au moins une œuvre a été vendue au-dessus du seuil des 10 millions de dollars.

 

Valeur actualisée de l’œuvre The Family of Man: Ancestor II (1970). Artprice Indicator®

 

Le marché de Hepworth a commencé à se réajuster il y a une dizaine d’années, amenant l’artiste a intégrer l’un des plus importants classements du marché de l’art : le Top 100 des artistes mondiaux classés selon leurs performances annuelles aux enchères. Le sésame pour ce classement est arrivé en 2016. Depuis, la cote de Hepworth a si bien évolué qu’elle n’est désormais pas loin d’intégrer le Top 50 mondial, fait rare pour une artiste femme. En 2023, elle devançait au classement Jean Dubuffet, Keith Haring et Richard Prince grâce à la vente de 74 œuvres sur l’année, dont la fameuse The Family of Man: Ancestor II. À l’issue de l’année 2023 en effet, la vente de ses œuvres aux enchères avait généré 35 millions en 2023, contre moins d’un million de dollars annuel enregistré au début des années 2000. En l’espace d’une génération, son résultat annuel se retrouve ainsi multiplié par 35 et la progression n’est peut-être pas terminée…

 

La première femme a avoir passé le seuil des 10 millions aux enchères est Nathalie GONTCHAROVA, peintre russe innovante, fondatrice, avec son mari Mikhaïl Larionov, du Rayonnisme et décoratrice des Ballets russes de Diaghilev. En 2008, son tableau Les fleurs (vers 1912) établissant un record mondial pour toute artiste femme en partant pour 10,8m$. Elle devient la seule femme valorisée à un tel niveau de prix. Quinze années plus tard, elles sont au nombre de douze, grâce à une belle accélération en 2023 avec dix œuvres d’artistes femmes ayant dépassé les 10 millions, ce qui n’était jamais arrivé auparavant.

 

Nathalie Gontcharova, Les fleurs ( c.1912). 10,8m$, Christie’s Londres, 24/06/2008

 

Les femmes récompensées par au moins une vente aux enchères supérieure à 10m$ :

Nathalie GONTCHAROVA (dès 2008)

Louise BOURGEOIS (dès 2011)

Berthe MORISOT (dès 2013)

Joan MITCHELL (dès 2014)

Georgia O’KEEFFE (dès 2014)

Agnes MARTIN (dès 2016)

Jenny SAVILLE (dès 2018)

Lee KRASNER (dès 2019)

Tamara DE LEMPICKA (dès 2019)

Frida KAHLO (en 2021)

Barbara HEPWORTH (en 2023)

Julie MEHRETU (en 2023)

 

Communiqué d'Artprice